22/04/2019

INSPIRATION SPRING 2019

We're one month deep in the new season and I thought it was time to gather some inspiration: from catwalks to photoshoots of my beloved black women Danai Gurira, Issa Rae and Zendaya; and red carpets and of course some of my favourite popstars Britney Spears, Mariah Carey and Avril Lavigne. I had a mild existential crisis after trying to dress for church the other day and realized pretty much all the clothes I have with me in London are casual workplace friendly clothes and I am losing my edginess. Everything is black, grey, denim or any color that will allow me to blend in the office. Now it's time for colours and edgier styles !


Where did you get your inspiration from this season ?

Armelle De Oliveira

03/04/2019

POSTCARD | RABAT, MAROC


L'arrivée à l'aéroport de Rabat a été quelque peu mouvementée. Bien que le vol Air France se soit passé sans encombre ni la moindre turbulence, le débarquement m'a valu des mots peu aimables de certains passagers et la passage de la frontière ne s'est pas fait dans la joie et la bonne humeur.

Mais enfin j'y étais. Me revoilà sur le continent africain. La dernière fois c'était Djerba, en Tunisie, il y a environ douze ans. Le retour se fait donc à Rabat, au Maroc, ma première fois dans ce pays. Un pays que je rêvais d'explorer depuis des années.

A bord du taxi, je découvre ces longs axes bordés de palmiers. Pas un chat dans la rue. De grands et beaux hôtels, comme le Sofitel où ma soeur aurait aimé séjourner. Mais nous mettons le cap sur l'hôtel Atlantic Agdal, le Sofitel étant complet, plein à craquer de fidèles venus pour la visite du Pape.

L'hôtel Atlantic Agdal est assez moyen mais il fera l'affaire pour une nuit. Cette dernière a été très agréable bien que courte. Il faut se rendre au petit déjeuner et lever le camp à 9h30. Dehors, il fait chaud mais un vent frais saisi par instant. Je pense pendant une minute que j'ai perdu au change avec les douces températures estivales de Paris. Puis je me ressaisis et met le cap sur le phare. Enfin, c'est ce que je croyais...

En sortant de la banque, la BCMI pour les clients BNP Paribas, je hèle un taxi bleu. Je lui demande de m'emmener au phare mais il ne voit pas de quoi je parle. On trouve un compromis et il m'emmène à la Tour Hassan. Sur le chemin, nous passons devant le Palais Royal. La circulation est infernale, les voitures conduisent dans tous les sens. Je suis contente d'avoir attaché ma ceinture de sécurité. Je me rappelle qu'en Egypte, notre taxi avait pris une bretelle d'autoroute à l'envers. Je me rappelle du taxi qui conduisait sous la pluie battante avec des essuie-glaces hors d'usage en Bolivie. Je me dis que j'ai vécu pire, quand mon taxi accroche le van d'à côté et que les rétroviseurs prennent un coup. C'est réglé en deux minutes et puis nous arrivons à la Tour Hassan.




Il est encore tôt, il n'y a personne à part un car de touristes asiatiques. Il fait frisquet. Au soleil, je me réchauffe. Je regarde les chevaux majestueux qui tiennent la garde devant les entrées. Dans l'enceinte, on semble démonter une estrade et retirer des tapis rouges. Le Pape était-il là hier?

J'entre sur le site qui me fait penser aux colonnes de Buren à Paris. Je prends quelques photos puis m'approche de la fameuse Tour Hassan. A son pied, je m'assieds sur un banc au soleil et finit d'écouter mon épisode du podcast Le Tchip. Une fois terminé, j'ouvre mon exemplaire de Lonely Planet et apprends que je me trouve à l'endroit où devrait se tenir une mosquée, peut-être la plus grande mosquée du monde. Plan visiblement avorté. Cela reste néanmoins très beau et impressionnant. Sur mon chemin vers la sortie, j'entre dans le mausolée de Mohammed V et découvre une superbe coupole aux tons bleus et dorés au dessus des tombeaux du roi. Mes photos ne leur font pas justice alors j'imprime mentalement et me retire.



A l'extérieur, la vue est imprenable. Il y a une énorme construction en cours, on dirait un vaisseau spatiale, ou une villa pour Tony Stark. Je ris seule. En contrebas passe le tram, identique au tramway parisien. On a vu sur la mer aussi. Alors je me dirige vers le littoral. Mon sens de l'orientation m'oriente à peu près correctement le long d'un immense boulevard. Je décide de suivre des touristes et d'entrer dans des rues marchandes. On est à mi-chemin entre les rues populaires de Saint-Denis et le bazar d'Istanbul. La rue monte et en haut se trouve une porte jaune. Je la passe et me retrouve dans un immense cimetière super coloré. C'est très beau mais assez surprenant. Il y a quelques personnes qui se recueillent et aucun touriste. Je ne suis clairement pas à ma place et décide de vite sortir. En contrebas: le phare !


Je sors du cimetière par la porte du bas et me trouve au pied du phare fortifié. Il s'agit du Fort de la calette. Au bord des rochers, quelques personnes admirent les vagues. Une dame d'un certain âge me demande en arabe de prendre une photo de la mer pour elle - c'est du moins ce que j'ai compris. Entre les roches, il y a bien trop de bouteilles en plastique, en verre et d'autres détritus qui se retrouvent happés par la mer. J'avais effectivement lu sur TripAdvisor que les plages de Rabat étaient très sales et jonchées de détritus. C'est bien dommage car les criques sont superbes.




Je longe le littoral et me pose quelques minutes au soleil. Un vieillard fait son footing. Deux jeunes en jogging, casquette, requins discutent. Un surfeur passe avec sa planche. Deux jeunes filles se prennent en photo. Je continue jusqu'à la vraie plage. Une jetée s'avance dans la mer. Au bout, les vagues se fracassent contre les rochers et aspergent d'eau quiconque s'aventurerait trop près. Deux jeunes filles asiatiques semblent s'amuser de la situation et s'approchent en nouant leur K-way. Je ris avec elles quand elles se retrouvent trempées. Un homme avec sa sacoche d'ordinateur s'approche du bord mais je découvre là un habitué car il se place stratégiquement là où l'écume ne l'atteint pas. Ca sent le poisson, ça sent la mer, ça sent les vacances.

En revenant vers la plage, je décide de m'allonger au soleil sur un banc. Plus loin, un groupe d'une dizaine de garçons se jette dans la mer depuis les rochers. Il est midi trente. Quand j'ouvre à nouveau les yeux, une heure a passé. M'endormir au soleil aux heures les plus chaudes de la journée est une décision que je ne regretterai finalement qu'au retour à l'hôtel quand je découvre mon visage rouge et piquant. Ma mélanine n'a pas su résister aux UV marocains. 

Depuis mon banc, je vois sur les hauteurs la kasbah des Oudaias et quelques touristes sur la terrasse. La vue doit être imprenable. J'ai faim. La kasbah des Oudaias semble être la suite logique de mon parcours. Sur la plage, quelques garçons jouent au foot. Je pense à Gad El Maleh qui dit dans "L'Autre c'est Moi" qu'au Maroc, "le ski c'est pas le sport national". Quelques courageux se risquent même à se baigner dans une eau qui doit être très froide. Plus loin, un groupe surfe. Il faut dire qu'il y a beaucoup de vagues. J'aimerais savoir surfer. J'avais essayé dans les Landes quand j'étais adolescente. Sans grand succès, les baïnes m'avaient battues par chaos. Je me dis que la mer est plus calme ici mais l'eau trop sale. C'est un coup pour moi à attraper une maladie et rentrer avec un problème de peau.


Ca grimpe la route jusqu'à la kasbah ! Il y a même un escalier à monter par la suite. Sur les marches, il y a un homme habillé comme une gravure de mode qui regarde la vue, ses longs cheveux soyeux et éclaircis par le soleil au vent. Je me dis qu'il fait sûrement exprès d'être là, à taper la pose, mais ne crache par sur la vue... 

Arrivée sur la terrasse, la vue panoramique sur le littoral, du phare jusqu'à la marina de Rabat-Salé est impressionnante. Sur les bancs, quelques couples flirtent discrètement. Des touristes prennent des photos Instagrammables; le lieu s'y prête bien. Je me pose à nouveau au soleil et profite, juste pour moi.




Quand j'entre dans la kasbah des Oudaias, tout de suite je me dis qu'il faut que je revienne avec des amies blogueuse pour créer du contenu comme on dit dans le métier. Je me vois arpenter les rues sinueuses avec une longue robe fluide, à la Shay Mitchell. Mais quel bonheur de pouvoir se dire "non, cette fois, je ne fais pas ça pour Instagram, cette fois, je prends du temps pour moi". Alors j'ai dévalé ces rues bleues et blanches, fleuries, avec les yeux grands ouverts d'émerveillement. Les chats errant qui ronronnent au soleil devant les petites portes en bois des maisons partagent la même énergie que la mienne. Les habitants sont très accueillant et chaleureux. "Bienvenue au Maroc !", "bonne visite !", "vous devriez aller au Café Maure à côté du Jardin Andalou". Ni une ni deux, je m'exécute après avoir remercié tout le monde pour leur accueil et leurs conseils. 










Le Jardin Andalou est un havre de paix dans un havre de paix: le paradis sur Terre. Il y a des petites fontaines, des orangers, des chats qui dorment au soleil... Le tout dans l'enceinte fortifiée aux murs corail. Ca a un air de Port Réal dans Game of Thrones. Je m'interroge en visitant: ont-ils filmé ici? J'achète quelques cartes postales et des timbres dans une échoppe, à envoyer à une amie d'origine marocaine qui m'avait recommandé Rabat



Au Café Maure, je m'installe au soleil et déguste des cornes de gazelle avec un thé à la menthe très sucré. Je prends le temps de lire mon bouquin, chose que je n'ai absolument jamais le temps de faire. J'y passe quelques heures. Je discute avec le serveur. Il me dit que son cousin habite dans le 93 et vient de lui envoyer un maillot du PSG. A côté de moi des Américaines papotent, des Français rigolent, des asiatiques prennent des photos. Le tout dans la joie et la bonne humeur. Je prends le temps. Je prends le temps de regarder les gens aller et venir. Je prends le temps de deviner d'où ils viennent. Je prends le temps de rester au soleil. Je prends le temps d'admirer la vue. Je prends le temps de lire l'interview de Martin Luther King dans le recueil que j'ai avec moi. Je prends le temps de déguster mes pâtisseries. Je prends le temps de boire mon thé. Et je réalise à quel point j'avais besoin de prendre mon temps. Je réalise à quel point je ne me laisse plus le temps de prendre le temps. Je réalise le bien que ça fait de prendre son temps. Je n'ai ni mon casque sur les oreilles, ni mon téléphone dans les mains. Juste moi, le soleil, et mes pensées. Je prends le temps de mettre de l'ordre dans mes pensées. J'ai un sourire débile sur les lèvres en permanence. Je suis bien. Pendant les quelques heures que j'ai passé au Café Maure, j'étais bien. Ca faisait longtemps que je n'avais pas pris le temps d'être bien.




Je sors de la kasbah des Oudaias et découvre sa porte d'entrée majestueuse. J'étais entrée par derrière, par la plage. En haut des escaliers, j'ai une impression de déjà vu et me souviens de ma visite de Haifa en Israël. Je redescends et me retrouve près de la marina. Sur la grande place, des jeunes se jettent dans l'eau et jouent. La vue est superbe sur la kasbah des Oudaias qui surplombe la place. Ca ressemble encore plus à Port Réal. Il y a des airs de la Promenade des Anglais de Nice, de Santa Monica, d'Istanbul et même de Miami sur cette promenade le long du canal qui mène à la marina. Il y a des manèges pour les enfants, des cafés, des restaurants, des pêcheurs, des jeunes qui jouent au foot ou font du roller. Il est même possible de traverser en bateau.








Je me pose de nouveau au soleil, et regarde des adolescents tester leurs limites en se jetant dans l'eau d'un point assez haut, près de la rue qui remonte à la Tour Hassan. La boucle est bouclée. Le soleil descend et il fait de nouveau un peu plus frais. Je saute dans un taxi et retourne à l'hôtel. Ce soir, direction Casablanca

Armelle De Oliveira