Dashiki Harlem African Market / Jeans Light Before Dark via Urban Outfitters / Shoes New Look
L'an dernier, il était impossible de passer à côté de la "mode" des
dashiki.
Rihanna en portait,
Zendaya Coleman en portait,
Amandla Stenberg en portait. Et pour cause, sur plusieurs défilés de la
Fashion Week, les créateurs s'étaient allègrement "inspirés" de ce vêtement traditionnel d'
Afrique de l'Ouest et d'
Afrique Centrale. Je mets "inspirés" entre guillemet parce que, à mes yeux, quand on ne salue pas l'original, on ne s'inspire pas mais on vole. C'est pourquoi mes looks "inspired" le sont, parce qu'ils rendent hommages à celles qui les ont rendu iconiques. Et quand l'an dernier tous les magazines disaient "le
dashiki: la NOUVELLE tendance des podiums", moi et mes confrères ressortissants d'
Afrique, on avait la rage. Oui, la rage. La rage qu'une fois de plus, notre culture soit spoliée. Le dernier événement en date qui me fait vraiment sortir de mes gonds, ce sont les
tresses collées - ou renversées comme nous disons aussi - que les magazines, les starlettes d'
Instagram et les coqueluches de
Tumblr ont rebaptisés les "
boxer braids" ou les "
Kim Kardashian braids". Des
tresses que nos ancêtres, et même des civilisations Américaines portent depuis des siècles voire des millénaires, sous prétexte que
Kim Kardashian les a "remise au goût du jour", on nie leurs inventeurs et on attribue leur création à une tendance occidentale. De la même façon, pendant des années, des décennies, des siècles, on a moqué les traits négroïdes, j'entends par là les grosses lèvres, les grosses fesses. Et soudainement, les médias encensent les (
fausses) lèvres de
Kylie Jenner et les (
fausses) fesses de
Kim Kardashian. Les magazines encouragent les injections dans les lèvres, les fesses ou ailleurs pour au final obtenir un corps qu'on a dénigré, qui a été sujet de caricatures et de moqueries pendant trop longtemps. De la même façon aussi des artistes occidentaux sont encensés pour des styles de musiques ou des influences sur lesquels ils n'ont aucun droit de création. Tout ça au nom de quoi? Ce n'est pas vendeur de dire que telle ou telle "tendance" vient du continent africain ou américain (
j'entends par là les "originaux" et les civilisations sud-américaines)? Je parle effectivement de marketing oui. Ce n'est pas une
breaking news, tout le monde sait que nous vivons dans une société capitaliste dans laquelle il faut faire du chiffre, du chiffre, du chiffre... J'ai été approchée récemment par une marque dont je tairais le nom. La créatrice avait remarqué mon enthousiasme sur
Instagram pour les marques de vêtements qui travaille le
wax. Elle même en faisant, elle m'a proposé de relayer sur mon
blog et mes
réseaux sociaux sa campagne de
crowdfunding visant à lever des fonds afin d'étendre son activité. Pour me présenter sa marque, elle m'a envoyé son dossier de presse, et là horreur malheur, j'ai failli tourner de l’œil. Elle explique effectivement qu'elle travaille "le
wax, tissu phare de la
culture africaine [...] utilisé uniquement pour les grandes occasions comme par exemple les mariages ou des événements sociaux remarquables." Jusque là, tout va bien. Puis, pour valider la viabilité de son projet, elle cite
Louboutin et Merci qui ont effectivement mis le
wax en avant. Là, ça bloque. Il y a tellement d'autres marques et de créateurs afro-descendants qui mettent le
wax en avant, pourquoi ne pas les citer eux? Parce que
Louboutin et Merci pèsent plus? Après en avoir discuté avec
Jaël au
Stylist x The Stackers concept store, j'ai décidé de tout de même laisser sa chance à la créatrice. Pendant un entretien sur Skype, je l'ai laissé me présenter son projet. Quand elle m'a demandé si j'avais des questions, je lui ai fait remarquer que dans son dossier de presse, elle disait que tout était créé en Europe. Pourquoi donc pas en Afrique? De même dans son dossier de presse, on apprend qu'elle se procure les tissus auprès de "fournisseurs de qualité". Quand je lui demande, elle me dit qu'elle ne se fournit pas en Afrique car c'est trop cher, ce qui est vrai. Elle m'a expliqué sans grande conviction - sûrement déconcertée par mes questions - qu'elle espérait grâce à la campagne de
crowndfunding développer son entreprise et pouvoir plus tard se fournir en Afrique et créer ses vêtements sur le continent africain. J'étais rassurée, j'étais partante. Puis la nuit est passée et m'a porté conseil. Au réveil, je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais pas donner une nouvelle fois du crédit à des gens qui font de l'argent sur la culture de mes confrères afro-descendants sans leur donner du crédit. Et je n'arrive pas à concevoir qu'en 2016, les afro-descendants aient toujours à vivre dans l'ombre.
Aujourd'hui, la plupart des discussions que j'ai à ce sujet avec mes amis, mes collègues ou autre, quelles que soient leurs origines, virent au débat. Et croyez-moi - malgré le fait qu'il soit difficile pour l'hypersensible que je suis de garder mon calme et de ne pas entrer dans une colère noire ou fondre en larme lors des ces vives discussions (
voilà pourquoi je préfère poser mes pensées à l'écrit) - c'est une bonne chose. Premièrement, ça témoigne effectivement du fait qu'il y ait un véritable problème. Deuxièmement, ça permet de briser le statu quo. Troisièmement, ça permet de connaître mieux les gens à qui on a affaire. J'entends parfois des choses qui me donnent envie de m'ouvrir les veines et d'arrêter de me battre pour mes droits et ceux de mes confrères afro-descendants. Des choses comme "mais, vous aussi les Noirs, vous êtes racistes des Blancs", "vous voyez du racisme partout t'façon...", "mais arrête ton cirque, le racisme ça existe plus!", "j'suis pas raciste mais [insérer une phrase raciste]", "mais y a de moins en moins de racistes" (
really nigga?), "les actes racistes sont quand même isolés...", "ah bon, t'as déjà été confrontée au racisme?","on est pas raciste, y a Harry Roselmack/Nabilla/Audrey Pulvar/Myriam El Kohmri/Barack Obama/Christiane Taubira/Booba/Vincent McDoom/Beyoncé", "j'suis pas raciste, j'ai une amie Noire tchadienne" (
coucou Morano !). Ça me permet aussi de réaliser comment les gens me perçoivent. D'une part, j'imagine que parce que j'ai un père blanc, des grands-parents blancs qui habitent les quartiers bourgeois de Sceaux, que ce pan de ma famille renvoie l'idée d'un certain rang social aisé, que je suis issue d'une famille éduquée, les gens m'appréhendent comme "l'une des leurs". De l'autre côté, parce que j'habite avec ma mère noire dans des HLM, les gens pensent que je suis pauvre et non-éduquée. Ils oublient complètement - ou la plupart du temps l'ignorent - que ma mère est née au
Congo, que mon frère est né au
Congo, que mes parents s'y sont rencontrés, que mon père a passé de longues années au
Tchad, au
Cameroun, que beaucoup de leurs bons souvenirs ont pour toile de fond l'Afrique et que par conséquent, ce continent - bien que malheureusement je le connaisse très mal - représente énormément dans ma construction personnelle. Une construction personnelle qui a été maladroite, car les gens s'attendaient à ce que j'agisse d'une certaine façon de part mes origines sociales réelles ou fantasmées de jeune fille peu éduquée des HLM, ou de part ma couleur de peau. J'ai toujours eu le cul entre deux chaises, comme de nombreux métisses. J'ai été "l'amie noire", celle qui dédouanaient tous les propos racistes par sa seule présence. Il était - et est parfois encore - tout à fait normal de sortir devant moi des choses comme "mais toi, t'es différente, t'es pas comme eux !", "ah non, je sortirai pas avec un Noir, t'es folle !", "la mama africa là, tu vois ce que je veux dire", "la fatou avec ses faux cheveux" ou "un gros Noir blédard a essayé de me chopper". J'ai été le clown noir, celle qui prend l'accent pour faire rire l'auditoire, celle qui raconte des anecdotes culturelles qui amusent la galerie. On me disait "tu peux le dire avec l'accent?", "tu veux pas refaire l'accent" ou on me présentait en disant "c'est elle ma pote qui fait trop bien l'accent africain" avant de me jeter en pâture et me forcer à "faire l'accent" devant de purs inconnus, comme un clown. Je n'ai pris conscience de la gravité de cette pratique que cette année après qu'un camarade de classe, blanc, m'ait expliqué son point de vue sur le sujet. Il voyait ça comme une forme de racisme, un acte totalement irrespectueux car c'était caricaturer la différence avec une autre personne. Moi qui adore immiter l'accent des Asiatiques, j'y ai donné quelques nuits de réflexion, et Dieu merci, il m'a ouvert les yeux... J'ai aussi été rejetée par mes pairs car j'agissais "comme une blanche", avec mes looks et mes goûts musicaux, par manque de connaissance de leur part. Je les ai aussi rejeté parce que je me suis perdue quelque part, presque convaincue que je n'étais "pas comme eux" au final. Encore souvent, je dois montrer patte blanche auprès de certains d'entre eux et "prouver" que je suis vraiment "noire" pour qu'ils m'accordent leur attention. Aujourd'hui, je refuse d'être cette personne à nouveau. C'est parfois compliqué car beaucoup s'attendent à ce que je continue à faire le pitre, et ne comprennent pas mon changement de position. Parfois je m'oublie, surtout quand j'ai bu ou que je suis avec de vieux amis, les vieilles habitudes reprennent le dessus, je parle avec l'accent, j'utilise un vocabulaire dégradant pour mes pairs comme "fatou" ou "blédard" ou des anglicismes bidons ou du verlan comme "Black", "renoi" ou "rebeu" parce qu'il ne faut absolument pas dire "Noir" ou "Arabe"... Mais ma prise de position - quasi politique - est formelle. Se serait me nier, bafouer ma construction personnelle, qui a fait un énorme bond en avant lors de mon année à Londres. J'y ai rencontré énormément de gens qui ne savaient rien de moi, qui n'avaient pas d'à priori, qui m'ont accepté telle que j'étais, avec mes idées et mes prises de position parfois légèrement radicales, qui m'ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses que je ne réalisais pas (
et je ne parle pas de mon stage à Voxafrica pour les mauvaises langues que je vois d'ici lever les yeux au ciel). J'ai appris énormément sur l'
appropriation culturelle, la culture des afro-descendants, leur Histoire, leurs combats, leurs droits et surtout ceux qu'ils n'ont pas. Je ne suis qu'un petit bout de femme de 24 ans, je ne me fais porte-parole de rien ni personne, mais quand on nie l'Afrique et sa culture, on nie une partie non-négligeable de moi-même et croyez-moi ça fait mal, et nous sommes des milliers, des millions concernés. Je me bats à mon niveau, auprès de mes amis et mes proches, sur les
réseaux sociaux aussi grâce à la petite audience qui m'est donnée à travers mon
blog, pour sensibiliser les gens. Car à mes yeux, la situation aujourd'hui est préoccupante. Après des décennies, des siècles à faire l'autruche, à fermer les yeux sur le mauvais apprentissage à l'école de la colonisation, l'esclavage, à nier les discriminations, elles éclatent au grand jour aujourd'hui. Regardez ce qui se passe aux États-Unis:
Ferguson,
Baltimore,
Charleston et j'en passe... Certains l'ont remarqué d'eux-même mais regardez comment les médias font l'impasse sur les massacres, les génocides, les conflits en Afrique et dans les autres zones du monde concernées. Faire l'autruche ou fermer les yeux sur certaines choses, c'est ce qui nous a mené à la situation dans laquelle on est aujourd'hui. Beaucoup trop de gens ignorent l'Histoire, les faits, la culture des autres. Et c'est cette ignorance qui nous porte préjudice aujourd'hui. Elle a créé un gouffre entre nous et nous divise. Rabelais disait "l'ignorance est mère de tous les maux"et il avait raison. Cette ignorance aujourd'hui créée des situations cocasses pendant lesquelles on demande aux afro-descendants s'ils parlent Africain, s'ils sont déjà allés en Afrique, (
sans jamais nommer de pays précis), où on met nos
cheveux quand on a des mèches, ou encore pendant lesquelles les afro-descendants deviennent des bêtes de foire déshumanisées auxquelles on ne demande même pas l'autorisation avant de glisser une main qui a traîné Dieu sait où dans des cheveux "exotiques". Cette ignorance résulte d'une Histoire "white-washée", où de nombreux accomplissements des afro-descendants leur ont été retirés. Voilà pourquoi beaucoup d'afro-descendants sont convaincus que le rock est une "musique de blanc", parce que personne n'a pris le temps ou eu l'honnêteté de leur dire qu'il en était tout autre.
Appropriation culturelle. Me revoilà à la case départ.
J'ai lu récemment une interview de Sharon Stone dans ELLE dans laquelle elle dit "Quand vous marginalisez les gens, vous leur donner du pouvoir". Et ça, nous l'avons bien compris. Si tout se règle par l'argent, je vois dans les communautés afro-descendantes les gens appeler au boycott à chaque mot de travers ou
appropriation culturelle d'une marque, je vois les gens s'unir dans le même sens. Certains voient ce phénomène comme du communautarisme, moi je vois ça comme le résultat d'années, de décennie de mise à l'écart par la société. On nous a mis en périphérie des villes, écartés des médias et des rôles d'action majeur. Aujourd'hui, ce que certains appellent du communautarisme, moi j'appelle ça de la fraternité, de l'entraide. Et à l'ère des
réseaux sociaux, il n'a jamais été plus simple de trouver des gens qui partagent les mêmes idées, ça allège le sentiment de solitude et de combat vain au quotidien. Notamment grâce à des groupes
Facebook sur lesquels nous nous entraidons, nous nous éduquons pour apprendre notre histoire commune, mais à s'occuper de nos peaux, de nos
cheveux, puisque nous sommes mise à l'écart de la société dans les médias traditionnels. Et croyez-moi, nos
cheveux sont bien plus politiques qu'il n'y paraît. Après des décennies, des siècles, à être esclaves de critères de beauté euro-centrés qui ont forcés mes pairs à se dépigmenter la peau, se défriser les
cheveux, se refaire le visage, quitte à mettre en danger leur santé, pour ressembler aux Occidentaux et espérer se faire accepter dans leur société, affirmer notre beauté - parce que oui, les afro-descendants sont beaux - c'est faire un gros doigts d'honneur à ces diktats de la beauté. Chaque touffe de cheveux afro au naturel que vous croisez est un très beau majeur en l'air, sachez-le. Sur ces mêmes groupes
Facebook où nous parlons beauté au naturel, nous dénonçons aussi les dérapages des médias et partageons les fameux moments "
Black Girl Magic" ou autres réussites de nos confrères, qui montrent que les afro-descendants ne sont pas des bons à rien comme les médias essaient de le faire croire. Il y aussi des pages
Facebook qui nous aident à nous aimer, à nous sentir fort(e)s et puissant(e)s, puisque la société nous pille et nous rabaisse. Et ce n'est pas de la victimisation comme je lis souvent, "arrêtez de vous victimiser tout le temps les Noirs" va de paire avec "vous voyez du racisme partout". Les faits sont devant vos yeux, encore une fois, si vous ne vous en rendez pas compte, il y a de grandes chances que vous fassiez l'autruche.
Ça fait rire les gens quand je dis que certaines choses "ne servent pas la cause", car ils ne voient pas ce qu'est ladite "cause". J'espère que grâce à ce post brouillon et confus, certains ont réussi à cerner ce qu'était ladite "cause". Encore une fois, je ne me fais la porte-parole ou l'avocate de personne. J'ai mes convictions et elles sont vastes - l'environnement, le féminisme, la lutte contre l'injustice et contre l'oppression des peuples entre autre - et elles me tiennent à cœur, donc j'en parle. Je ne peux pas rester dans le silence, comme trop de personnes le font. J'ai encore du mal à concevoir que des individus n'aient pas de cheval de bataille, quels qu'ils soient, qui leur tiennent à cœur. Comme disait Stéphane Hessel: "Indignez-vous!". Je m'indigne, beaucoup, peut-être même trop. Les gens de mon Master (
dédicace) m'ont rapidement surnommé "Negro News" parce que je deviens ce que certains appellent la "femme noire en colère" dès qu'on aborde un sujet épineux. Personne ne fera de moi ce cliché, ce stéréotype qu'est la "femme noire en colère". Beaucoup trop de luttes me tiennent à cœur pour être réduite à ce personnage raillé inventé de toutes pièces par ceux qui font l'autruche. Et, dans le fond, beaucoup de ces luttes se rejoignent. En soit, mon combat ici est similaire au mouvement féministe. Il s'agit de redonner du pouvoir, la parole et la place dans la société qu'elle mérite à une communauté qu'on a rabaissé, effacé, marginalisé, et parfois aussi déshumanisé.
Pour en revenir aux fringues - qui me servent de prétexte aujourd'hui pour vider mon sac - cette tenue a été largement inspirée par des looks d'
Amandla Stenberg et
Zendaya Coleman. Ces deux petits bouts de femme aussi sont devenues de leur plein gré ou à leur insu les portes paroles de cette jeunesse d'afro-descendants fatigués de la société qui nous nie et nous moque. A l'heure de me procurer mon propre
dashiki, il a été hors de question pour moi d'acheter les versions "occidentalisées" que proposaient notamment
Dimepiece, aussi jolies soient elles. C'est pendant mon voyage à
New-York et un crochet à
Harlem que ma famille m'a supporté pendant les longues heures de ma quête du
dashiki parfait. Nous avons fait plusieurs boutiques où les vendeurs parlaient français, ma mère les tchatchaient. Puis nous avons fini à l'
African Market. Nous nous sommes arrêtés à chaque stands, à essayer, douter, poser des questions, discuter avec les vendeurs. Ma mère a sympathisé avec l'un d'entre eux, un Sénégalais je crois, qui nous a fait un prix et je suis repartie avec mon
dashiki à 10$ sous le bras, de belles rencontres en tête et le sourire aux lèvres.
Last year, it was impossible to miss out on the “trend” of
dashiki.
Rihanna was wearing it,
Zendaya Coleman was wearing it,
Amandla Stenberg was wearing it. And for good reason, on many
Fashion Week shows, designers blithely took “inspiration” in the traditional
Western African and
Central African garment. I write “inspiration” in quotes because, according to me, when you don’t credit the original, you are not inspired by something but you’re stealing it. That’s why my “inspired”
outfits are, because they pay tribute to the people who made these
outfits iconic. And when last year, every magazine said “
dashiki: the NEW trend from the
catwalks”, me and my brothers from afro-descent, we were angry. Yes, angry. Angry that once again, our culture was despoiled. The last event of that sort to date which really blew my top, was what magazines,
Instagram starlets and
Tumblr idols called “
boxer braids” or “
Kim Kardashian braids” but that are really called
cornrows. They are
braids our ancestors, and even American civilizations, have been wearing for centuries even millenniums. On the pretext that
Kim Kardashian “brought them back into fashion”, we deny their inventors and credited a Western trend with their creation. Similarly, for years, decades, centuries, the society mocked negroid features, by these I mean big fleshy lips, big round bums... And suddenly, media praises
Kylie Jenner (
fake) lips and
Kim Kardashian (
fake) butt. Magazines incite people to get lip injections, butt implants or whatever, with the aim of getting a body they denigrated, which was subject to caricatures and mocking for way too long. Similarly, Western artists are praised for
music styles or influences they don’t have any creation rights on. All of this in the name of what? Is it not commercial to say this or that « trend » comes from the African or the American culture (
here I mean the « originals » and the South American civilizations)? I’m indeed talking marketing. It is no breaking news for anyone that we are living in the capitalism era when everyone is running after profit. I was contacted a few weeks ago by a brand I won’t mention the name of. The designer noticed my enthusiasm on
Instagram for brands using
wax. Using the fabric herself, she wanted me to advertise on my
blog and on
social networks her
crowdfunding campaign aiming to raise funds in order for her to extend her business. She sent me her press kit for me to get to know her brand. And I almost fainted reading it. She explains in it that indeed she’s using “
wax, the flagship fabric of the
African culture […] only used for big occasions such as for example weddings or remarkable social events”. So far so good. Then, to back up the viability of her project, she cites as reference
Louboutin and
Merci, brands that indeed showcased the
wax fabric. And that’s where I go blank. There are so many brands and designers from afro-descent which showcase the
wax fabric, and did it before
Louboutin or
Merci did, so why not mention them? Because
Louboutin and
Merci carry weight more than the other brands? After discussing the matter with
Jaël at the
Stylist x The Stackers concept store, I decided to give the designer a chance. During a Skype interview, she presented me her brand. When she asked if I had any questions, I pointed out to her that in her press kit, she wrote that everything was made in Europe. Why not in Africa? Likewise, in her press kit, it’s written that she buys the fabric from a “good quality supplier”. She explained that she can’t buy the fabrics in Africa because it’s way too expensive, which I agree with. She added, with no strong belief, surely abashed by my questions, that she hoped the
crowdfunding campaign would enable her to extend her business and maybe in the future buy and make her garments in Africa. I was reassured, I was game for it. But then, I slept on it. When I woke up, I couldn’t do it anymore. I couldn’t give credit, once again, to people who make money out of the culture of my fellow people from afro-descent. And I can’t understand that in 2016, people from afro-descent still have to live in the shadows. These days, most of the talks I have about it with my friends, my co-workers or someone else, no matter where they come from, turn into debates. And believe me – despite the fact that it is rather difficult for the hypersensitive girl that I am to remain calm and not go mad or burst into tears during these fiery debates (
that’s why I’d rather write down my thoughts) – it’s a good thing. First of all, it proves that there is a real issue. Secondly, it enables us to break the status quo. Thirdly, it enables us to get to know a bit more the people you have in front of you. I sometimes hear stuff that makes me want to slit my wrist and to stop fighting for my rights and those of my fellow people from afro-descent. Stuff like “but you Black people, you are racist against White people”, “you see racism everywhere anyway…”, “stop your nonsense, racism is over!”, “I’m not racist but [insert a racist sentence]”, “there are fewer and fewer racist people” (
really nigga?), “racist acts are isolated though…”, “you’ve really been confronted to racism?”, “we can’t be racist, we have Harry Roselmack/Nabilla/Audrey Pulvar/Myriam El Khomri/Barack Obama/Christiane Taubira/Booba/Vincent McDoom/Beyoncé”, “I’m not racist, I have a Black friend from Chad” (
hello Morano!). It also enables me to realize how people really see me. In one hand, I guess because my father’s white, my grand-parents live in the wealthy neighbourhood of a wealthy city, that this part of my family gives the impression of a rather comfortable social class, that I come from an educated family, people see me as one of their “pairs”. On the other hand, because I live with my Black mother in council houses, people assume that I’m poor and dumb. They totally forget – or most of the time just don’t know – that my mother was born in
Congo, that my brother was born in
Congo, that my parents met there, that my father spent many long years in
Chad and
Cameroon, that many of my family’s good memories have
Africa as the backdrop, and that as a result, this continent – even though I barely know it – means a lot for my personal construction. A personal construction which was clumsy, because people expected me to act in a certain way because of my real or fantasized social background of a poorly educated young woman living in council houses, or because of my skin color. I have always been caught between two stools, like many mixed race people. I’ve been the “Black friend”, the one who cleared any racist remarks just by being there. It was – and still is sometimes – absolutely normal to say in front of me stuff like “but you’re different, you’re not like them!”, “the ratchet girl with her fake hair”, “I would never date a Black guy, are you crazy?” and so on. I have been the Black clown, the one talking with an African accent to make people laugh, the one telling cultural anecdotes to play to the galerie. People told me “can you say that with the accent?”, or “could you please do your accent again” or introduce me to other people saying “she’s my friend I told you about who does a really great impression of the African accent” before throwing me to the mercy of the audience of strangers and force me to “do the accent”, just like a clown. I never realized how racist and serious the impression of an accent could be – myself enjoying to do impressions of the “Chinese” accent – before earlier this year, when a classmate, who happens to be White, presented to me his point of view about it. He saw that as a form of racism, a totally disrespectful act because it caricatures the difference with another person. I slept on it for a couple of nights, and thank God, it was a real eye opener... I have also been rejected by my fellow people from afro-descent because I “acted white”, because of my looks and my musical tastes, because they didn’t have the knowledge about it. I also rejected them at some point because I lost myself somewhere in the process, almost convinced that I wasn’t “like them” in the end. Even now, I sometimes have to prove my credentials to them to show that I am “really Black” and get their attention. I don’t want to be that person anymore. It is sometimes complicated because many people expect me to keep on being a fool, and don’t get my change of stance. I sometimes forget myself, especially when I am drunk or when I am with old friends, old habits get the upper hand and I do impressions of the African accent, I use degrading words talking about my peers or bogus Anglicism such as “Black” in order to avoid saying the actual French word… But my change of stance – almost political – is strong. It would be denying myself, scorn my personal construction, which made a huge step ahead during my year in
London. I met a bunch of people who didn’t know a single thing about me, who didn’t have preconceptions, who accepted me as I was, with my ideas and my stance sometimes quite radical, who opened my eyes on things I didn’t realize (
and I’m not talking about my internship with Voxafrica for the scandalmongers I can see rolling eyes from here). I learned a lot about
cultural appropriation, the culture of the people from afro-descent, their History, their fights, their rights and most of all the ones they don’t have. I’m just a 24-years-old tiny woman, I’m the spokesperson of no one, but when people deny
Africa and its culture, they deny a significant part of myself, and believe me: it hurts. And we are thousands, millions of people concerned. I am fighting as I can, to my friends and my relatives, on
social networks as well as on my
blog and the small audience that comes with it, to raise awareness about this social issue. Because according to me, the situation that we are in nowadays is worrying. After decades, centuries of burying our heads in the sand, of turning a blind eye on the wrong teaching at school of colonization, slavery, of denying discriminations, they are now blowing in our face. Look at what’s happening in the
United-States:
Ferguson,
Baltimore,
Charleston… Some may have noticed but look how the media skip on massacres, genocides, and conflicts in
Africa and other areas of the world concerned. Burying our heads in the sand or turning a blind eye on things is what led us to this situation today. Too many people don’t know about History, facts, other cultures. And this ignorance is damaging nowadays. It creates a gap between us and divides us.
Rabelais said “ignorance is the mother of evils” and he was right. This ignorance nowadays leads to awkward situations during which people from afro-descent are asked if the speak African, if they have ever been to
Africa (
without ever naming a specific country), where we put our
hair when we have extensions, or even during which people from afro-descent become dehumanized circus freaks whom people don’t ask permission before slipping a hand God knows where it went in their “exotic”
hair. This ignorance is the result of a “white-washed” History, in which numerous accomplishments of people from afro-descent were taken away from them. That’s why for example many people from afro-descent are convinced that
rock music is a “white people thing”, because no one to the time or was honest enough to tell them it wasn’t true.
Cultural appropriation. I’m back to square 1.
I recently read an interview of
Sharon Stone in ELLE in which she saying “When you marginalize people, you give them power”. And this, we understood well. Because everything is settled with money, I witnessed within the communities of people from afro-descent people calling for boycott every time a brand says something wrong or is caught red handed for
cultural appropriation. I see people joining forces for the same purpose. Some may see this as communautarianism, I see this as the result of years, decades of side-lining. We were put on the outskirts of cities, well away from the media and key positions. Nowadays, what some call communautarianism, I call brotherhood, I call mutual aid. In the era of
social networks, it has never been easier to find people sharing the same ideas; it relieves the feeling of loneliness and of pointless fight on a daily basis. It goes through
Facebook groups on which we help each other, we teach ourselves about our common History, but also about how to take care of our skins, our
hair, because we are sidelined from the society in traditional media. And believe me, our
hair are way more political than it may seem. After decades, centuries, of being slaves to
euro-centric beauty standards which forced my peers to bleach their skins, to relax their
hair, to have nose jobs or other cosmetic surgeries, putting at risk their health, in order to look like a Westerner and hoping to fit in their society, asserting ourselves with our natural beauty – yes because people from afro-descent are beautiful – is giving this beauty pressure the finger. Each amazing tuft of
natural afro hair you cross paths with is a beautiful middle finger up, just know it now. On these same
Facebook groups on which we discuss natural beauty, we also denounce the downward slides in the media and share the much vaunted “
Black Girl Magic” moments or the other accomplishments of our fellows, who prove that people from afro-descent are not losers as the media try to convince you. There are also
Facebook pages which help us to love ourselves, to make us feel strong and powerful, because the society steals from us and belittles us. And it is not victimization as I often read, “stop always victimizing you Black people” goes hand in hand with “you see racism everywhere”. Facts are right before your eyes; once again, if you don’t realize it, it is very likely that you are burying your head in the sand.
It makes people laugh when I say some things “don’t serve the cause”, because they don’t see the so-called “cause”. I hope that thanks to this confused and muddled post, some will succeed to understand what the so-called “cause” is. Once again, I am the spokesperson or the advocate of no one. I have my beliefs and they are numerous – environment,
feminism, the fight against injustice and the oppression of peoples among other things – and I care about them, so I talk about them. I can’t remain silent, like too many people do. I still struggle to understand how people cannot have a hobby horse, whatever it is, that they care about. As
Stéphane Hessel said: “Time for outrage !”. And many things outrage me, maybe too many. My classmates this year (
shout out!) quickly gave me the surname of "Negro News" because I always bring the subject to the table and seem to become what some may call the "angry black woman". No one will turn me into that cliché, the stereotype that is the "angry black woman". I have too many struggles that matter to me to be reduced to this ridiculed character made up by people burying their heads in the sand. And, in the end, many of these struggles are the same. My fight here is similar to the
feminist movement. It is about giving back power, speech and place in the society that it deserves to a community that was belittled, wiped away, marginalized and sometimes even dehumanized.
Back to clothes now – which serve as an excuse today to get this off my chest – this outfit was fully inspired by
outfits from
Amandla Stenberg and
Zendaya Coleman. These two tiny women also became willingly or unwittingly spokespersons of this youth of people from afro-descent already tired by the society denying us and mocking us. When I was looking for my own
dashiki, it was out of the question for me to by the “westernized” versions from
Dimepiece or other brands, as beautiful as they were. During my trip to
New York and a detour in
Harlem, my family had to bear me for long hours during my quest for the perfect
dashiki. We went in many stores in which the owners spoke French, my mom chitchatted with them. Then we ended up at the
African Market. We stopped at every stand, trying things on, doubting, asking questions, chatting with the owners. My mom got on with one of them, from
Senegal I think, and he offered us a special discount. I left with my 10$
dashiki, lovely encounters in mind and a wide smile on my lips.
Je vous laisse avec ces quelques images qui vous parleront peut-être plus que ce long discours confus. N'hésitez pas à réagir aux divers sujets que j'ai maladroitement soulevé dans cet article, je suis ouverte au débat, du moment qu'il reste courtois. J'ai soulevé tellement de choses ici et en est encore plein à dire que je risque de publier des articles similaires pendant l'année...
Maybe those images will speak more to you than my long confused speech. Do not hesitate to react to the many issues I awkwardly brought up in the post, I'm open for debate, as long as it remains polite. I brought up so many things here and feel like I have still so many things on my chest, I may post other similar posts later on this year...
Armelle De Oliveira